1. |
Immersion
06:44
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2. |
Zone Aphotique
09:42
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Tout le ciel, quoique éclairé par le rayonnement sidéral,
semblait noir par contraste avec la blancheur des eaux.
Il connaissait cette sombre route.
Il l'avait souvent parcourue, sans doute,
et ne pouvait s'y perdre.
Si sa destinée est étrange, elle est sublime aussi.
Nous devons renoncer à reprendre cet insupportable joug de la terre,
que les hommes croient être liberté. C'est par la mer que le globe a pour ainsi dire commencé, et qui s'il ne finira pas par elle !
Là est la suprême tranquillité.
La mer n'appartiens pas aux despotes.
A sa surface ils peuvent y exercer des droits iniques, s'y battre, s'y dévorer, y transporter toutes les horreurs terrestres. Mais à trente pieds au dessous de son niveau, leur pouvoir cesse, leur influence s'éteint, leur puissance disparaît !
Là seulement est l'indépendance !
Là je ne reconnais pas de maître !
Là je suis libre !
J'étais plongé dans un abîme de réflexions comme un homme à la veille d'un éternel exil et qui ne part pour ne plus revenir.
Je me perdais dans les plus absurdes hypothèses.
Le champs des conjectures ne peut être qu'infini dans l'étrange situation où nous sommes.
Nous avons franchi cet isthme infranchissable.
Le nombril de l'océan.
Qui a jamais pu sonder les profondeurs de l'abîme ?
Fragments : Jules Verne, Vingt Mille Lieux Sous Les Mers
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3. |
Labyrinthes
05:33
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S'approcher et s'éloigner sans cesse d'un réel inaccessible ressemble à un parcours labyrinthique.
Rien n'est simplement juxtaposé, le plus proche est le plus lointain.
L'entrée du Labyrinthe est immédiatement l'un de ses centres,
ou plutôt nous ne savons s'il est un centre, ce qu'est un centre.
Il ne fallait pas franchir ce pas, il fallait rester dehors.
Mais nous ne sommes même plus certains que nous ne l'ayons pas franchi depuis toujours.
Seul choix qui nous reste, nous enfoncer dans cette galerie plutôt que dans cette autre, sans savoir où elles pourraient nous mener, ni si elles ne nous ramèneront pas éternellement à ce même carrefour, à un autre qui serait exactement pareil.
Penser n'est pas sortir de la caverne, ni remplacer l'incertitude des ombres par les contours tranchées des choses mêmes, la lueur vacillante d'une flamme par la lueur du vrai Soleil.
C'est entrer dans le Labyrinthe, ou plus exactement faire être et apparaître un Labyrinthe alors que l'on aurait pu rester "étendu parmi les fleurs, faisant face au ciel".
C'est se perdre dans les galeries qui n'existent que parce que nous les creusons inlassablement, tourner en rond au fond d'un cul de sac dont l'accès s'est refermé derrière nos pas - jusqu'à ce que cette rotation ouvre, inexplicablement des fissures praticables dans la paroi.
Assurément, le mythe voulait signifier quelque chose d'important, lorsqu'il faisait du Labyrinthe l’œuvre de Dédale, un homme.
Pendant un temps les hommes ont cru pouvoir transformer le monde en un artéfact fait de lign es droites et de fenêtres transparentes.
Illusions passagères, fenêtres transparentes.
Ainsi furent érigées des villes neuves, banlieues nécessaires, ou capitales de fantaisie. Les villes du futur.
Ceux qui ont oublié son antique sagesse, qui croyaient encore pouvoir vivre à jamais dans le ulte de la raison et de la vitesse, risquent fort d'être perdus.
Le Labyrinthe revient en force dans toutes les dimensions de la société, en lieu et place de la ligne droite.
Jusque dans la vie quotidienne, chacun de nous traverse de plus en plus souvent des labyrinthes où, souvent, une impasse pour un voyage est un but pour un autre.
Prendre le métro, changer de bus, marcher d'un quartier à un autre, rechercher un service sur internet, faire des achats dans une grande surface, déambuler dans une gare, un aéroport, un parc d’attraction ou un musée, suivre un cursus scolaire, chercher un emploi... Chacun risque de se perdre.
La vie n'est pas faite de lignes droites.
Apprendre, jouer, rêver, voyager, danser, se distraire, travailler, consommer, choisir.
Fragments : Jacques Attali, Traité du Labyrinthe + Cornelius Castoriadis, Les carrefours du Labyrinthe
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4. |
Néons et Néant
06:41
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Tout est aseptisé.
Tout ce que nous avions à faire,
c'était de réfléchir intensément et d'ouvrir les yeux.
Les murs, les fenêtres, les réverbères, les lignes téléphoniques, les rails et les routes sont parcourus par ces jingles de placement de produit de trente secondes qui ont remplacé les chansons et ce qui étaient des idées par des publicités.
On a suivi les rails et traversé le pays, cherchant des choses intéressantes à voir.
Franchement, quel meilleur moyen de passer son existence sur terre que d'admirer ses merveilles ?
Mais c'est honteux vous savez ? On n'a jamais pensé qu'il y aurait... De l'ordinaire, vous voyez ? Une apathie manifeste, presque agressive, même.
J'hallucine. J'hallucine mon quotidien. Je vois des spectres sur les trottoirs. Des astres affables, des désastres affaiblis. Des microséismes de nos rapports sociaux. L'éclatement minimal de nos cellules. Des vies accélérées qui se frottent sans jamais se toucher. La tête dans les étoiles tombées sur le macadam. Plus rien ne brille dans nos rues. On naît dans des villes de néons et de néant. Une vie de reflet et de lumière noire. Pas de changement de fond.
Mais les choses s'agitent à la surface. Au fond rien ne bouge. On refait les mêmes danses les uns après les autres dans l'amnésie générale. Il n'y a que des souvenirs particuliers. Ensemble on se rappelle le présent et c'est tout.
C'est toujours le même théâtre sur la scène des profondeurs, quand on plonge à l'intérieur, qu'on se perd dans les tréfonds de l'âme. On danse passablement, on titube. Nos largeurs d'esprits nous handicapent, on reste la tête coincée dans le cadre des portes de la perception.
Un jour de plus dans les mines de nos vies,
à creuser des sorties,
des tranchées et des chemins de traverse,
des itinéraires à travers les averses,
passer entre les gouttes qui font déborder la vase
Démarrer à zéro
Chaque matin, s'enliser un peu moins
S'accrocher aux branhes pour ne pas s'enfoncer
Garder la tête à la surface
Ne pas se noyer dans les étendues de fils d'horizon tendus
Suivre la trame de l'existence sans se tromper de ligne
Répondre aux questions confuses que l'on se pose la nuit quand nos idées fusent
et même si l'on s'use à se suspecter de défaillance
Ne pas se répandre en excuses
Face à nos échecs
S'accorder la clémence que nous accordent nos jours d'abondance
Remettre en question la substance des apparences.
Entre les murs se cachent des portes
arpenter nos plaintes
suivre nos fissures et nos failles
entre les mailles des défilés de montagne d'égo
trouver l'issue de secousse
la voie du tremblement de l'être
la réplique sismique qui nous fera trembler de l'intérieur
faire disparaître nos doutes dans des nuages de cendres
en finir avec l'absurdité de nos trêves la nuit
des jours sans rêves où l'on s'ennuie
le temps se venge de nos espoirs
et le matin nous laisse un goût d'encre noire
on garde la tête sur les épaules, polis et fastidieux.
On s'entend mourir de rire en regardant les autres
en regardant les autres c'est nous que nous observons de l'intérieur
on se marre en regardant les autres
crever dans leur bulle
tout ready-made mais déjà ridicule
il est trop tard pour se rhabiller
notre royaume est nu et sans nuances
tout est gris dans nos tunnels de béton
pendant que le soleil se reflète sur des tours de verre à Dubaï
si hautes, si hautes qu'elles gèlent au sommet
et à leurs fondations le froid des hommes
Briser les palais des glaces
avec nos avions de papier
c'est sûr que nous ne sommes pas de taille
Cela prendra du temps mais avec le revers de leur médaille
Nous reconstruirons nos fragiles châteaux de sable
Des vies qui s'effritent
du charbon dans nos bouches d'incendies
Un jour de plus de plus dans les mines de nos vies
à creuser des sorties
à gratter les parois avec un stylo bille
Un autre jour dans les mines de nos vies.
On boit jusqu'à en puer et on fume jusqu'à s'étouffer parce que c'est comme ça qu'on avance.
Passant nos vies à créer des choses et créant des choses pour passer nos vies, parce que sinon, elles n'auraient aucun sens.
Nous sommes damnés si nous attendons nos derniers instants pour nous demander tout ça, putain, c'était pour quoi ?
Fragments : Warren Ellis, Doktor Sleepless + Flo
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5. |
Nos Futurs
02:31
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Où est mon putain de jet pack ?
Vous me devez une voiture volante !
Où est le futur qu'on nous a promis ?
C'est ce que je vous entends dire.
Qui a pris mon vaisseau spatial et mon pistolaser ?
Vous vivez dans le futur et vous l'ignorez.
Il n'y a pas si longtemps, une lettre ou une photo mettait des mois à traverser le monde.
Vous pouvez dire aux gens où vous êtes et ce qui se passe en quelques secondes, où qu'ils soient.
Vous croyez que les quincailliers s'attendaient à vendre autre chose que des casseroles il y a trente ans ?
Conneries.
Le futur est venu discrètement.
Il s'insinue à travers les petites choses ordinaires.
Fragments : Warren Ellis, Doktor Sleepless
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6. |
Communication Perdue
02:24
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Invocat Auvergne-Rhône-Alpes, France
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